Ne rien voir, ne rien dire, ne rien entendre : alors que pour la première fois dans l’Histoire, une députée européenne a été illégalement arrêtée par une puissance étrangère, et que cette députée est française, alors que quatre citoyens français dont notre collègue Yanis Mhamdi sont mis aux arrêts tout aussi illégalement par la même puissance, Israël, le sommet de l’État français a opté pour le service minimum ou la politique politicienne. Emmanuel Macron, malgré ses déclarations contradictoires, reste réticent à condamner l’État d’Israël. Mais au cœur du pouvoir français, quelles sont encore les nuances qui s’expriment (ou pas d’ailleurs) sur le pouvoir de Tel Aviv et le génocide à Gaza ? Nils Wilcke a enquêté. Il s’est également intéressé aux retombées du Complément d’enquête de France 2 consacré à Rachida Dati, et publié le fruit de son travail chez nos confrères et amis de Off Investigation… ce qui n’a, on l’imagine, pas plu à notre bien-aimée ministre de la Culture… laquelle s’est plainte du contenu de l’émission après avoir tenté de tout faire pour l’empêcher de sortir. On en parle dans ce nouveau numéro de l’émission Les Indiscrets, votre rendez-vous hebdomadaire sur Le Média, porté par Nils Wilcke. Grâce à son carnet d’adresses sans égal et sa connaissance fine des acteurs politiques de tous bords, Nils nous permet d’arpenter chaque semaine les dédales de la politique française.
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Depuis septembre maintenant, ce programme décrypte l’actualité politique et parlementaire pour déconstruire les discours dominants. Il a montré les connivences grandissantes entre la droite, l’extrême droite et le centre. Il a aussi montré les victoires de la gauche autant que les stratégies réactionnaires pour empêcher le progrès écologique et social.
On va donc faire un petit récap de l’année, pour dégager les grandes questions qui se sont posées et celles qui restent encore à régler, parce qu’on s’en souvient, le 9 juin 2024, à l'issue des résultats de l’élection européenne, Emmanuel Macron dissolvait l’Assemblée nationale.
Un an après, il est temps de faire le point : qu’est-ce que cette dissolution a vraiment provoqué sur le paysage politique français ? Est-elle cette opportunité de clarification revendiquée par Emmanuel Macron ? Quelles recompositions a-t-elle engagé ? Une nouvelle dissolution est-elle possible et pour quoi faire ? C’est ce qu’on va voir tout de suite dans ce numéro spécial de dissolution.
À la télévision, les polémiques racistes ne font plus événement. Les chaînes d’information en continu et leur talk-show accélèrent et amplifient les attaques contre les musulmans et les personnes non blanches. Des conséquences graves en découlent sur la santé mentale des concernés. Fatma Bouvet de la Maisonneuve, psychiatre, les qualifie de « torture émotionnelle et intellectuelle ».
Extrait :
Depuis 2019, la Pride des Banlieues remet les luttes LGBTQIA + au cœur des quartiers populaires. Née à Saint-Denis, cette marche pas comme les autres défend une fierté ancrée dans les réalités de terrain : précarité, exclusion, racisme et invisibilisation politique. À rebours des grands cortèges nationaux souvent perçus comme éloignés des réalités sociales, cette marche affirme haut et fort que les banlieues aussi sont traversées par des histoires queer et qu’elles méritent d’être racontées, visibles et célébrées. Cette année, le slogan de la marche est clair : « Des milliards pour la santé, pas pour l’armement. »
Extrait :
« Il est plus que temps de décentrer les lieux de fête et de pouvoir. Pourquoi faudrait-il faire 40 minutes de transports pour militer ? Marcher dans nos quartiers, c’est dire : ça, c’est ma ville, et je suis là. Cette marche, c’est souvent la première pour beaucoup et elle prouve que ça peut bien se passer, contrairement à ce que veulent nous montrer les médias. »
Extrait :
Gil revient aussi sur ses expériences liées au racisme. Par le passé, elle a souvent été la seule personne racisée dans les milieux militants, « beaucoup d’espaces blancs bourgeois ». Elle évoque aussi une forme de pudeur propre aux quartiers populaires, plus présente que les discriminations : « Je ne distingue pas forcément de couples LGBT dans les rues de Saint-Denis, certes, mais les couples hétérosexuels ne se tiennent pas plus la main pour autant. Ce n’est pas qu’on ne s’aime pas, c’est qu’on ne le montre pas pareil. »
Face à un contexte favorable à la montée des violences et de l’extrême droite, Gil appelle à la mobilisation : « Si, avant, on recevait une insulte, maintenant on reçoit un coup. C’est contre cette LGBT-phobie désinhibée qu’il faut marcher. Parce que c’est important, politiquement. Il faut venir. Si on a le temps, l’argent et l’espace pour militer, alors il faut se décentrer de soi et se battre pour une lutte universelle. »
Extrait :
« En banlieue, je me sens à la maison. En vingt ans, j’ai été agressé deux fois. Dans les deux cas, c’était à Paris. La Gay Pride à Paris, ce n’est pas ma place : c’est un truc d’argent, de thunes. Ici, il n’y a pas de CE de banque qui viennent défiler. C’est plus politique. On revient aux origines de la Pride, qui est une manifestation de lutte.
Extrait :
"J'ai besoin de me sentir représentée, de sentir qu'il y a d'autres personnes qui sont queer et racisées, qui vivent en même temps de l'homophobie et en même temps du racisme, et de marcher pour ces questions-là", explique à l'AFP Saffiya (qui n'a pas souhaité donner son nom de famille), 27 ans.
Extrait :
"Le vrai problème quand on est LGBT dans les quartiers populaires", c'est "plutôt la précarité et les manquements de l'Etat, et c'est pour ça qu’on pose la question de la santé qui est un enjeu majeur", précise-t-il. Le slogan "Des milliards pour la santé, pas pour l'armement" était le mot d'ordre de cette cinquième édition.
Extrait :
Pour certains.es, c'était même leur toute première pride. Nour, par exemple, est venue de Saint-Denis. "C'est stylé de voir qu'on n'est pas seul à être queer en banlieue", sourit la jeune femme de 15 ans.
Extrait :
Ils sont nombreux.ses à se sentir moins seul.e grâce à cette marche des fiertés, organisée au pied de chez eux. "Ça m'a permis de me rendre compte qu'il y avait des gens queer à côté de chez moi, dans les rues, qui, eux aussi, vivent comme moi et qui m'acceptent comme je suis", constate Céleste, femme trans de 15 ans. Elle a fait sa transition l'année dernière. "Au collège je pense que je me suis plus fait appeler pédé que Céleste, donc être ici, ça fait du bien."
Extrait :
"Aujourd'hui, il y a une personne homosexuelle sur cinq qui déclare avoir vécu des discriminations en allant chez le médecin. Quand on est aussi racisé, on parle du syndrome méditerranéen, les médecins vont minimiser les souffrances des patients, ce qui peut amener à des situations tragiques."
Merci les fachos LGB
Cette publication a notamment suscité l’indignation du groupe juif gay et lesbien de France, Beit Haverim, qui a dénoncé « l’inclusion » sur le visuel des « couleurs du drapeau palestinien ». L’InterLGBT affirme qu’« il représente le drapeau de la Hongrie et le drapeau de la Bulgarie où les prides sont interdites actuellement ».
Dans un contexte diplomatique tendu entre la France et l’Algérie, et alors que les débats sur les crimes coloniaux continuent de diviser l’opinion publique, un documentaire inédit intitulé « Algérie, sections armes spéciales » a été retiré de l’antenne de France 5, cinq jours avant sa diffusion initialement prévue le 16 mars.
Réalisé par Claire Billet et basé sur les recherches de l’historien Christophe Lafaye, ce film révèle l’utilisation systématique d’armes chimiques par l’armée française pendant la guerre d’Algérie (1954-1962). Bien que déprogrammé à la télévision française, le documentaire sera disponible en ligne dès ce mercredi 12 mars.
Le pdf de la brochure à lire sur écran : La bataille culturelle
Le pdf à imprimer La bataille culturelle_livret
La « bataille idéologique » devient vite un thème métaphorique ressassé plutôt qu’une action d’ampleur et fonctionne comme un topos ou lieu commun. (Il suffit de lire Culture Wars de James Hunter pour mesurer combien la guérilla culturelle aux États-Unis dans les années 1990 n’avait à l’inverse rien d’une joute verbale : militants anti-avortement enchaînés à des cliniques du planning familial ou qui y mettent le feu, lynchage de personnes trans ou gay, menaces de mort, explosion de voitures et agressions contre des représentants religieux, il s’agissait de détruire physiquement). Parler de « bataille culturelle », plutôt que de la mener concrètement, est en soi un argument persuasif à même d’infléchir l’image des candidats. De Jean-Marie Le Pen qui assène que « les mots tuent parfois plus sûrement que les balles » à Éric Zemmour qui le plagie d’un « les mots sont des armes qui tuent bien plus efficacement que des fusils », hyperbole et grandiloquence alimentent un ethos guerrier et campe le locuteur en héros charismatique.
Surtout, la métaphore belliqueuse n’est pas neutre car elle s’inscrit dans une conception autoritaire du pouvoir et une survalorisation de la violence comme schéma structurant des relations sociales. Parler de « guerre » culturelle, c’est valoriser et acclimater une conception anti-démocratique de la vie politique. Par définition, une « victoire » ne pourrait être que l’élimination de « l’ennemi » par reddition ou annihilation totale. Dans cette vision, plus d’alternance politique, de compétition démocratique, ni de débat d’idées ou de réflexion critique des citoyens. Il s’agit d’éliminer la pensée (et les partis) adverses – ce que le nouveau président des États-Unis Trump a juré de faire avant même d’être élu… et est en train d’accomplir depuis la Maison blanche.
Les exemples historiques lointains ou récents (l’assaut du Capitole le 6 janvier 2020, les terroristes suprémacistes inspirés par la théorie du Grand Remplacement en Norvège, en Nouvelle-Zélande et aux États-Unis, Trump en parole puis en action aujourd’hui) ont montré la continuité qui mène du discours de la violence au recours à la violence physique ou institutionnelle. Se lancer dans une « bataille idéologique », c’est inciter à l’action dans le monde réel et ériger les adversaires comme des ennemis à abattre.
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